18/12/2008

L'amour, seulement une affaire de plaisir ?

C’est vite dit… et vite fini. Car la plupart du temps, le plaisir ne dure pas longtemps… Alors, le risque, c’est que le plaisir appelle le plaisir, comme une chaîne sans fin. Alors, nombreux sont ceux qui, après, se sentent déçus, frustrés… Combien de témoignages de déceptions après des ruptures, des relations mal vécues, que de craintes, de malaises créés !
D’accord, quand on dit « j’aime la tarte aux fraises », cela veut dire que j’ai du plaisir en la mangeant. Mais la tarte est quelque chose qui ne pourra jamais m’aimer en retour, tandis que la personne n’est pas un objet de plaisir : c’est quelqu’un que je peux aimer d’une façon durable, et qui pourra m’aimer de la même manière ! Car seul ceux qui s'aiment de façon durable et stable, pendant de nombreuses années, sont vraiment heureux dans leur amour.

Autant dire que cela vaut la peine d’y réfléchir avant de faire des bêtises. Après tout, la tête sert à cela aussi !

D’abord, beaucoup de jeunes l’oublient aujourd’hui : l’amour n’est pas qu’une question de sexe. On peut aimer quelqu’un en lui rendant service, en lui disant une parole encourageante, en cherchant son bien… Ce serait tout de même dommage si je ne pouvais aimer qu’une seule personne, et seulement de cette façon-là ! Non, nous pouvons aimer toutes les personnes que nous rencontrons, tout simplement en étant bienveillant à leur égard !

Ceci dit, tout le monde sait qu’il y a quand même un genre d’amour un peu spécial : celui entre UN homme et UNE femme. Spécial, oui, mais en même temps il a quelque chose en commun avec cet amour que nous pouvons avoir pour chaque personne que nous rencontrons : aimer, c’est toujours chercher le bien de celui qu’on aime… et parfois, ça nous coûte ! Autrement dit, aimer, cela veut dire aussi renoncer à quelque chose pour le bien de l’autre. Quand je rends service à quelqu’un, cela me prend du temps, du temps que je ne peux pas consacrer à moi-même… Si je donne de l’argent à un mendiant, je ne peux pas profiter de cet argent pour aller au cinéma… Bref, aimer c’est désirer, mais c’est aussi donner, donner quelque chose à quoi je renonce pour le bien de l’autre.

Mais n’est-ce pas un peu ringard ? Oui, si c’est toujours moi qui donne, sans jamais rien recevoir. Mais n’oublions pas que nous avons tous reçu quelque chose avant de pouvoir donner quoi que ce soit : nous avons reçu notre vie de nos parents… et généralement, beaucoup d’autres choses ! Nous pouvons aimer parce que nous sommes aimés !
Aimer, c’est donner ; se laisser aimer, c’est accepter de recevoir en retour. C’est vrai pour notre relation en société. Bien sûr, ceux qu’on aime ne sont pas toujours ceux qui nous aiment en retour. L’histoire est remplie de gens qui en ont aimé d’autres, sans rien recevoir en retour, parfois même au prix de leur vie !

Généralement, dans l’amour entre l’homme et la femme, c’est différent : dans une relation amoureuse, chacun aime l’autre : il désire être en relation avec l’autre, il désire se donner. Il y a malheureusement des exceptions, ce qui provoque souvent des souffrances… mais ce n’est pas la règle. Mieux vaut prendre le temps de réfléchir et voir comment on peut éviter ces souffrances, ou en guérir…

Donc, aimer, dans le sens d’une relation amoureuse, c’est désirer et donner : se donner à celui pour qui on éprouve un désir. ça veut dire aussi : ne pas aller trop vite ! Est-ce que tu accepterais de donner tout ton argent (ta fortune, tout ce que tu possèdes) à quelqu’un dont tu viens de faire la connaissance ? Prudence, on peut le regretter par après ! Or, notre corps vaut plus que de la fortune ! C’est toute notre vie… Et il ne faut pas la donner trop vite !

Avoir des amis ? Oui, bien sûr. L’idéal, c’est même d’en avoir plusieurs, et ne pas trop se fixer sur une amitié exclusive avec quelqu’un de l’autre sexe ! Autrement dit : l’amour vrai se construit, et cela prend du temps…

Mais ce n’est pas tout. Dès qu’on parle de sexualité, c’est notre corps qui est impliqué. A travers le corps, toute notre vie est marquée par tout ce qui nous arrive, les gestes que nous recevons dès notre enfance, les paroles bonnes ou mauvaises que nous entendons, les blessures qu’on nous inflige comme les marques d’amour que nous recevons, mais aussi les impressions que nous en retenons. Eh bien sûr, il y a des choses, des personnes, des événements qui nous marquent plus que d’autres…

La relation amoureuse, elle, a quelque chose de délicat : elle peut souvent passer par des moments très agréables, mais qui par après laissent un goût amer, une déception… parce que l’un a voulu aller plus loin que l’autre, ou plus vite, ou parce qu’on a trop attendu de lui… Plus les gestes que l’on échange (ou impose) sont forts, plus ils nous marquent...

Comment cela se fait-il ? D’abord, parce que le sentiment amoureux comporte un désir, que nous avons difficile à maîtriser. Cela demande donc beaucoup de prudence. Car la sexualité est beaucoup plus qu’une affaire de désir et de plaisir, c’est un langage : le langage de l’amour par corps. C’est un langage qui ne s’adresse pas seulement à notre intelligence, mais aussi à notre inconscient. Il peut susciter en nous des impressions, des sentiments, des idées qui ne correspondent pas nécessairement à ce que l’autre a voulu nous dire. En conclusion : avant d’échanger des gestes amoureux forts, il faut apprendre à se connaître, se parler, s’écouter, échanger… Il faut se demander aussi : Avons-nous un projet commun, une vision commune ? Tout cela prend du temps. Voilà une première raison pour laquelle tant de relations amoureuses finissent mal : on va beaucoup trop vite. Construire un amour stable, cela prend beaucoup de temps, et il y a des étapes à respecter. C’est comme dans la circulation : brûler des feux rouges, cela provoque souvent des accidents, des blessures, parfois très profondes…

Une autre raison pour laquelle il y a tant de blessures, c’est que l’un des deux (ou les deux) cherche avant tout le plaisir. Dans ce cas, l’autre est considéré (souvent inconsciemment) comme un objet de plaisir. Or, une personne n’est pas un objet : c’est quelqu’un que je dois respecter profondément. Sans ce respect profond, ce qu’on croit être de l’amour n’est que de l’égoïsme à peine caché ! Évidemment, ce n’est pas ça qui nous rend heureux.

Aimer l’autre, c’est aussi le respecter : respecter son corps, et le langage de son corps, respecter le temps qu’il faut pour se connaître. Qu’est-ce que cela veut dire pour la relation sexuelle ? La sexualité est un langage, le langage de l’amour par le corps. Il faut donc apprendre à parler correctement ce langage, avant d’en user, sinon, on risque de se faire mal comprendre, et de ne pas comprendre l’autre… et cela provoque souvent des déceptions, des blessures, des souffrances. Dans la relation sexuelle, l’homme et la femme se donnent l’un à l’autre, entièrement, sans réserve. Cela veut dire aussi qu’ils s’accueillent, s’acceptent l’un l’autre tels qu’ils sont. Mais pas seulement pour quelques instants, car l’amour n’est vrai que lorsqu’il dure. Il ne donne de vrai bonheur que dans le temps. Donc, avant de s’engager dans une relation sexuelle avec une autre personne, il faut se demander : est-ce que je veux vraiment lui donner toute ma vie, partager la sienne ? Et est-ce que je suis sûr que l’autre veut aussi me donner sa vie, partager la mienne ? Autrement dit : la relation sexuelle ne peut être vraie que si on s’est engagé pour toute la vie…
Bien entendu, cela demande aussi qu’on prenne le temps de se parler, qu’on apprenne à se connaître, qu’on ait suffisamment de maturité pour s’engager à vie.
Un paradoxe : alors que le corps est prêt à s’engager dans une relation sexuelle déjà avant la fin de l’adolescence, la personne ne l’est pas encore. Pour ne pas prendre de risque, gâcher sa vie (ou celle de l’autre), il faut attendre l’âge adulte. Car la sexualité n’est pas qu’une affaire de plaisir, mais également de responsabilité, et donc de maturité… qui implique toute la vie, non seulement la mienne, mais aussi celle de l’autre, et même plus !
Et le plaisir : est-ce secondaire ?

On ne peut pas dire que le plaisir soit mauvais. Cependant, le désir du plaisir peut nous tendre un piège : si c’est seulement le plaisir que l’on cherche, alors l’autre est vite considéré comme un objet de plaisir, tandis que dans l’amour, il faut respecter l’autre comme une personne. Il faut donc accepter le plaisir, mais ne pas le rechercher seulement pour lui-même. D’ailleurs, les personnes qui cherchent le plaisir pour lui-même risquent d’en devenir ses esclaves : ils en veulent toujours plus, et ils ne sont plus libres ! La soif du plaisir peut devenir une obsession. Or, pour aimer vraiment, il faut être libre, et non pas esclave de ses pulsions !

Bref, l’amour s’adresse non seulement à la partie sexuelle de notre être, mais inclut toutes ses dimensions : notre corps, notre affectivité, nos pensées, la qualité de nos relations aux autres, notre insertion dans la société. Le véritable amour : une aventure périlleuse, mais ô combien enrichissante !

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